Studio tour : comment j'ai aménagé mon studio pour l'aquarelle

Aménagement avec les caissons "Pax" d'Ikea : conçus pour l'aménagement des dressings, ils peuvent aussi s'adapter parfaitement aux besoins des artistes.

Il y a quelques mois, mon mari et moi avons décidé d’échanger nos espaces de travail. La raison première était que je commençais à manquer cruellement d’espace, mais petit à petit, nous avons trouvé une myriade d’autres bonnes raisons, aussi bien pour améliorer son quotidien que le mien, c’est ainsi qu’en octobre, j’ai emménagé dans cette pièce relativement grande (environ 16m2), qui fait aussi office de chambre d’amis.

Le studio mesure environ 4X4m

Comme vous allez le voir, la question de la décoration ne s’est pas encore posée dans ce lieu, où le plus urgent pour moi était de pouvoir ranger mon matériel et me libérer de l’encombrement visuel des cartons et autres objets “en attente de trouver leur place”.

Il reste encore beaucoup à faire, mais ce n’est pas grave : aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous les solutions d’aménagement qui m’ont aidée à m’organiser. Elles fonctionnent pour moi, mais je pense qu’elles peuvent s’adapter à de nombreuses configurations, aussi bien pour des artistes amateurs que professionnels.

Vous trouverez ici la vidéo complète du studio tour. Mais j’ai ajouté ci-dessous une visite en mots et en photos pour celles d’entre vous qui ont une préférence pour les articles à lire tranquillement, plutôt que la vidéo.

Une question d’orientation

Avant toute chose, l’orientation. En général, on dit que l’orientation au nord est idéale pour les artistes. C’est une information qui surprend souvent, car on imagine que “nord = ombre”. En fait, une orientation au nord peut être très lumineuse si elle bénéficie de grandes entrées de lumière comme des baies vitrées ou une verrière. C’est même idéal pour beaucoup d’artistes, car le soleil n’y entre pas directement ; la luminosité y est donc plus douce et plus constante. Mais vous imaginez bien que c’est plutôt rare de trouver un lieu parfaitement orienté à ce type de besoins. Le plus souvent, on s’adapte. C’est mon cas.

Je vis en Bretagne où l’essentiel des habitations anciennes est orienté plein sud, sans aucune fenêtre au nord et ma maison obéit à cette règle, ce qui est en quelque sorte la “pire” orientation : le soleil entre dans la pièce plusieurs heures par jour. C’est pourquoi j’ai choisi un bureau léger, qu’il m’est facile de déplacer en fonction de la météo et de l’heure du jour.

Chez vous, si vous cherchez le meilleur endroit pour vous installer pour peindre, je vous conseille de rechercher autant que possible une belle source de lumière naturelle, mais qui ne laisse pas entrer le soleil directement. Et de vous placer de manière à avoir cette source de lumière du côté opposé à la main qui peint (je suis gauchère, ma principale source de lumière se trouve à ma droite) et c’est encore plus vrai si vous peignez d’après modèle réel car une source correctement orientée vous permettra aussi de créer - donc de voir - de beaux volumes (mais c’est une autre histoire) et de ne pas être gênée par l’ombre de votre main.

Le mobilier

Comme je l’écrivais plus haut, la décoration n’est pas encore faite et il se peut que d’autres éléments viennent s’ajouter au mobilier de base, mais pour le moment, voici les éléments essentiels de l’aménagement actuel.

Le bureau

Petite table “bistrot” trouvée sur Leboncoin aux dimensions parfaites (pour moi).

Mon bureau est une ancienne table de bistrot de 100X53cm. Elle est parfaite pour mes besoins : sa largeur me permet de la glisser pile devant la fenêtre (lorsque le soleil direct ne m’éblouit pas) et grâce à sa légèreté, je peux la déplacer facilement en fonction de la lumière ou de mes besoins du moment (peinture grand format, tournage, cours sur zoom…).

Autre avantage important pour moi qui aime être assise les jambes croisées l’une sur l’autre : ces tables n’ont pas de “ceinture” (l’encadrement situé sous le plateau, auquel sont fixés les pieds) si bien que je peux croiser les jambes confortablement, sans avoir les genoux qui cognent.

D’après ce que j’ai pu voir, les tables de bistrot de ce genre - dans ma région en tout cas - n’ont pas une cote incroyable et on en trouve facilement sur Leboncoin pour une poignée d’euros. C’était le cas de la mienne… qui m’a tout de même demandé des heures de travail pour tenter d’en retirer les innombrables couches de cire.

L’assise.

Billy Bones se repose (et moi je vais travailler ailleurs).

Je ne crois pas que ce soit très conventionnel, mais cette solution me convient parfaitement, et cela depuis des années : j’ai troqué ma chaise pour une assise plus basse - un fauteuil de salon à l’assiette large et profonde qui me permet de changer facilement de position (j’aime m’asseoir en tailleur, par exemple, ou sur les genoux) et parce qu’elle est plus basse, rapproche aussi mon visage pour mieux voir les petits détails sans que j’aie besoin d’arrondir le dos. C’est une solution qui m’a vraiment aidée à combattre les douleurs cervicales (avec le pilates !!).

Par contre, c’est une installation moins confortable si je tape à l’ordinateur. Dans ce cas, les poignets sont alors plus hauts que les coudes et une assise traditionnelle serait plus agréable, mais j’ai pris l’habitude, cela ne me dérange plus, sauf si je dois écrire pour un long moment et dans ce cas, je m’exile pour quelques heures dans la salle à manger.

Mon fauteuil est le modèle Lalala de la marque “Robin des bois” (dispo aussi sur le site de La Redoute). Je le trouve particulièrement adapté car, contrairement à beaucoup de fauteuils du même style, son assise ne « plonge » pas vers l’arrière. Elle est parfaitement plate, comme celle d’une chaise.

Je l’ai depuis 2021 et pour le moment, il n’a pas bougé.

L’espace “rangement”

Un espace de rangement qui “disparaît” et qui contient pourtant beaucoup, beaucoup de choses…

Après des mois de réflexion et d’atermoiements (après avoir cherché, notamment, des solutions de seconde main et lorgné du côté du mobilier de cuisine pour la profondeur de leurs tiroirs), j’ai opté finalement pour les rangements de la gamme Pax, d’Ikea. En voici les raisons principales :

• C’est une gamme prévue pour le dressing qui propose toute sorte d’accessoires astucieux pour le rangement : tiroirs avec façade transparente, paniers métalliques et surtout, ce qui m’a convaincue, des tablettes coulissantes.

• La largeur et la profondeur des grands modèles de caisson (100 cm de large par 58 de profondeur) permet d’entreposer à plat les grandes feuilles de dessin format “Jésus” avec lesquelles j’ai l’habitude de travailler et qui, jusqu’à présent, étaient entreposées dans un grand carton encombrant.

• La flexibilité du système : non seulement on peut choisir exactement la configuration intérieure qui nous convient, mais il est très facile de faire évoluer cet aménagement à mesure que nos besoins évoluent (attention : les éléments pris séparément semblent très accessibles, mais additionnés les uns aux autres, l’addition grimpe vite).

• Mon mari est bricoleur et a pu d’emblée me montrer comment nous allions pouvoir intégrer ce gigantesque meuble comme s’il avait été conçu sur mesure, en l’habillant jusqu’au plafond (cette partie des travaux n’est pas terminée, mais je suis confiante sur le rendu final). Cette solution me plait car elle permet de faire “disparaître” le meuble, qui n’a pas de caractéristique esthétique particulière.

• La question économique. Entendons-nous bien : ce meuble est un réel investissement (autour de 1500€). Il reste cependant la solution la plus économique que j’ai pu trouver, y compris si j’inclue mes recherches de meubles de seconde main.

Nous avons installé ce meuble en décembre et, pour le moment, je dois dire qu’il tient toutes ses promesses. Je l’ai divisé en trois espaces (+ un petit caisson dédié aux invités qui viennent passer ici une ou plusieurs nuits) : un caisson quasiment pas aménagé, dédié à mon matériel de tournage, notamment mes lampes de studio¹ qui prennent une place folle, un caisson pour le matériel d’aquarelle proprement dit et enfin un caisson, qui n’est pas encore très optimal, dédié à la partie “boutique” (reproductions, matériel pour envoyer les reproductions comme les enveloppes ou les écrins pour les aquarelles, ainsi que les machines - imprimante et scanner).

Je me doute que c’est le caisson dédié à l’aquarelle qui vous intéressera le plus, car les deux autres sont plutôt dédiés à des besoins vraiment spécifiques. C’est donc de l’aménagement de ce dernier dont je vais plus longuement parler ici.

Ce qui change vraiment tout, par rapport à toutes les autres solutions de rangement que j’ai pu explorer, ce sont les tablettes coulissantes : elles font toute la largeur du caisson, disposent d’un petit rebord haut pour empêcher les objets de tomber, et donc, coulissent. On peut en installer deux pour la place d’un tiroir.

Leur intérêt s’explique assez simplement : ces tablettes nous évitent de superposer les objets et de devoir “ranger-déranger” à chaque fois que vous avez besoin de quelque chose. Tout peut être à sa place et chaque objet est accessible très facilement. Mon grand-père, qui était excellent menuisier (même si ce n’était pas son métier), avait au-dessus de son établi un espace de rangement avec, dessinée sur le mur, l’empreinte de chaque outil. Chaque chose avait sa place et il était facile de tout ranger sans réfléchir. C’est un peu ce que permettent ces tablettes coulissantes : tout peut avoir une place précise et cela facilite beaucoup le rangement.

Autre particularité des tablettes coulissantes : les aménagements que l’on peut y apporter. Ikea en propose une gamme assez large, et je me suis laissée séduire par les petits casiers de séparation avec un fond en feutre. Honnêtement, ils ne sont pas parfaitement adaptés à mes besoins (ce sont de petites cases toujours trop grandes ou pas assez, ce qui est normal pour un produit tout de même très standardisé), je pense qu’avec un peu de réflexion et d’huile de coude, je pourrais trouver un système encore plus sur-mesure. Mais pour le moment ils font l’affaire.

J’ai aussi deux petits tiroirs en acrylique pour entreposer mes nombreux tubes d’aquarelle. Ils viennent de chez Muji et je les trouve absolument parfaits. On peut les superposer et, grâce à leur transparence, on voit facilement ce qui se trouve à l’intérieur.

Dernière adaptation du système Pax d’Ikea aux besoins spécifiques de l’artiste : les tablettes ordinaires qui sont, comme je l’écrivais plus haut, aux dimensions parfaites de mes feuilles de papier². Avant, mes grandes feuilles étaient entreposées dans un carton. Comme j’utilise différentes références de papier en fonction de mes besoins, je devais à chaque fois sortir le carton, l’ouvrir dans une pièce où j’avais à peine la place pour le faire et chercher la bonne référence de papier en manipulant les différentes feuilles au risque de les abimer à chaque fois, ce qui pose un vrai problème, quand on connaît le prix du papier aquarelle. Aujourd’hui, j’ai une tablette dédiée à chaque référence et une autre pour mon grand tapis de coupe ce qui simplifie beaucoup les choses et protège mes précieuses feuilles.

L’autre point, c’est le poids du papier. Même si l’aquarelle botanique, comme la miniature, sont des arts lents (et donc on ne produit pas trois cent aquarelles dans l’année), au fil des ans, j’ai accumulé pas mal de carnets et cartons à dessin qui finissent par peser lourd si on les entasse. Le fait de pouvoir répartir les charges sur plusieurs tablettes au lieu d’une me semble une bonne idée.

Voilà, je crois que j’ai fait le tour de la question pour le mobilier. Si j’ai oublié quelque chose ou que vous avez des questions, dites-moi dans les commentaires et je vous répondrai avec plaisir.

Studio + chambre d’amis

Quand nous avons emménagé dans notre maison, il a tout de suite été décidé que le “bureau-chambre d’amis” serait pour mon mari et que je bénéficierais du “bureau-butreau” en raison des nombreux tournages vidéo que je faisais pour le Club d’aquarelle. Nous pensions qu’il serait compliqué pour moi de m’organiser si nous avions du monde à la maison et que je devais tourner.

Finalement, il s’est avéré plus facile de m’organiser pour éviter de programmer un tournage lorsque nous recevons du monde et, le reste du temps, je peux toujours m’installer pour peindre ailleurs dans la maison (la salle à manger, par exemple, qui est très confortable et où j’écris d’ailleurs cet article, mon chat Billy Bones ayant décidé de faire sa sieste sur mon fauteuil de bureau). David, en revanche, est tenu par de nombreuses réunions qui nécessitent qu’il ne soit pas dérangé, c’est mieux pour lui qu’il puisse jouir d’un lieu fermé et isolé pour suivre ses réunions sans être dérangé.

C’était donc plutôt logique que la chambre d’amis prenne place dans mon studio. Pour le moment, elle a été peu occupée et lorsque c’est arrivé, je pouvais facilement m’installer ailleurs. Je trouve aussi que les nombreux rangements fermés permettent au studio de se transformer en un rien de temps en véritable chambre d’amis : si les lampes et le matériel de tournage sont rangés, le bureau placé sous la fenêtre, on pourrait même ne pas s’apercevoir qu’il s’agit en fait d’un studio de peinture.

C’est aussi un des aspects de cet aménagement que j’apprécie : il peut s’adapter à de nombreux besoins. Tout en étant un studio confortable et spacieux pour moi, cette pièce nous permet de recevoir les gens que l’on aime sans leur donner l’impression qu’ils nous obligent à pousser les murs. Ainsi ma cousine et sa petite fille de trois ans pourront, par exemple, venir passer quelques jours sans que je m’inquiète pour la sécurité de l’enfant… ni celle de mes aquarelles :)

Oh ! C’était ma première publication sur Substack, au fait ;-)

À bientôt,

Anne-Solange

1. Ce sont des “softbox”. Elles me servent aussi d’éclairage global si je manque de lumière. Je les trouve cent fois mieux que n’importe quelle lampe “lumière du jour” et en plus elles m’ont coûté bien moins cher (par contre, elles ne sont pas très esthétiques et elles occupent une place folle)

2. Attention : les feuilles de papier format Jesus passent uniquement sur les tablettes fixes. Elles sont déjà trop grandes pour les tablettes coulissantes. Avec leur petit rebord + l’espace nécessaire pour le mécanisme coulissant, cela suffit à perdre 2cm de profondeur. Idem pour les tiroirs. Ils sont trop petits pour entreposer les feuilles.